Drone iranien, éventuelle risposte israélienne et la sioniste BFM TV (012009/17)
mercredi, 20 septembre 2017
Par
Stéphane Juffa
Hier (mardi) un drone de fabrication iranienne,
parti de l’aéroport international de Damas, qui se dirigeait vers le territoire
hébreu, a été abattu par la DCA israélienne sans avoir pu traverser la
frontière.
L’avion sans pilote a été intercepté
par un missile Patriot de conception américaine, tiré à partir d’une base du
Khe’l Avir (Armée de l’air) dans la région de Tzfat (Safed), à 35km à vol d’oiseau
de sa cible. Le Patriot a traversé la vallée de la Khoula (vallée du Jourdain)
avant de désintégrer son objectif.
Il s’agit probablement d’un drone d’observation
télécommandé par le Hezbollah libanais. Les enquêteurs de Tsahal analysent
toujours l’incident et tentent notamment de savoir si l’aéronef était armé. L’investigation
est rendue difficile par le fait que les débris se sont écrasés du côté syrien
du Golan, à proximité immédiate de la ville de Kouneitra.
Selon notre estimation, les résultats
de l’enquête de l’Armée israélienne ne seront pas rendus publics.
Ce n’est pas le premier incident
aérien qui survient dans cette région ces dernières années. En mars dernier, un
missile syrien évoluant en haute altitude avait été intercepté par un Khetz
lors de sa première utilisation opérationnelle.
En juillet 2016, un drone russe était
parvenu à pénétrer l’espace aérien hébreu sur une profondeur de 4km au-dessus
du Doigt de la Galilée. Deux tirs de Patriots ainsi que celui d’un missile
largué par un chasseur n’avaient pas réussi à abattre l’intrus qui avait,
semble-t-il, réussi à regagner la Syrie indemne.
En septembre 2014, un Soukhoï-24 de l’Armée
gouvernementale syrienne avait été détruit par un Patriot, dans la même zone qu’hier,
alors qu’il avait parcouru 800 mètres dans le ciel israélien. Les deux pilotes
s’étaient éjectés et leurs parachutes s’étaient posés en territoire syrien.
Le porte-parole de Tsahal, le Brigadier
Général Ronen Manelis, a confié aux journalistes que l’Armée ne permettra pas
aux groupes terroristes de pénétrer le territoire israélien ni même de s’en s’approcher.
Quant au ministre israélien de la
Défense, Avigdor Lieberman, il a "mis l’accent sur le niveau élevé de
préparation de l’Armée de Défense d’Israël, qui sait comment gérer n’importe
quelle surprise, chaque problème et chaque menace". Le ministre a en outre
déclaré que "quiconque tente de s’en prendre à notre souveraineté doit
savoir qu’il paiera pour cela un prix élevé. Très élevé".
Il semble que cette menace n’était pas
lancée en l’air, puisqu’au moment où elle était formulée, l’Agence Nationale de
l’Information (ANI) officielle libanaise annonçait
que le Khe’l Avir avait mené deux raids sur la colline de Tal al-Rachacha, à l’est
du village libanais de Chéba, sur les contreforts du mont Hermon.
A ce moment, moins d’une heure après l’interception
du drone, la région de Tal al-Rachacha, de même que l’extrémité du Doigt de la
Galilée faisaient l’objet d’intenses survols par les chasseurs-bombardiers
frappés de l’étoile de David.
Le lieu-dit al-Rachacha se situe à
moins de 10km de la rédaction et nous possédons une excellente vision sur ce
qui s’y déroule. Cette zone montagneuse autour de Chéba est littéralement
infestée de miliciens de l’organisation terroriste chiite libanaise du
Hezbollah.
Il existe de fortes probabilités pour que
les positions visées par les F-16 aient participé à la tentative d’incursion du
drone, par exemple en relevant ses positions et/ou en s’occupant de le
télécommander, ce qui, passée la chaîne du Golan, était peut-être impossible à
réaliser depuis Damas.
Nous formulons ces hypothèses sur la
base du fait que Tsahal n’attaque jamais des objectifs "par hasard",
et que, lors de représailles, ils ont toujours un lien avec l’activité de l’ennemi
dont elles sont l’objet.
Un missile Patriot tiré depuis la base de Tzfat
Photo : Municipalité de Tzfat
Couverture journalistique scabreuse de BFM TV
Sur le site Web de BFM TV, la
nouvelle de l’incursion de l’avion sans pilote iranien était précédée de
deux paragraphes justifiant implicitement cette tentative par l’affirmation
selon laquelle l’Etat hébreu "occupe" le plateau du Golan syrien.
Le premier de ces avertissements,
incrusté sur une photo, se lit dans ces termes : "Vue d'une partie du
secteur du plateau du Golan occupé par les Israéliens", et le second :
"Israël occupe depuis 1967 quelque 1.200 km2 du plateau du Golan annexés.
Une décision jamais reconnue par la communauté internationale. Environ 510 km2
restent sous contrôle syrien".
Le lecteur se convaincra de ce que ni
la photo, ni les deux textes proposés par BFM ne possèdent le moindre
rapport direct avec le titre de la dépêche stipulant : "Israël
intercepte un drone du Hezbollah venu de Syrie".
Quant au troisième paragraphe, le
premier à relater l’incident objet du câblogramme, il avance ce qui suit :
"L'armée israélienne a intercepté mardi un drone du Hezbollah libanais de
fabrication iranienne qui effectuait une mission de reconnaissance au-dessus de
la partie du Golan annexé par Israël, a indiqué l'armée dans un communiqué".
D’abord, BFM ment : l’Armée
israélienne n’a bien évidemment jamais mentionné dans un communiqué "la
partie du Golan annexé par Israël". On est en présence d’une faute
ontologique extrêmement grave, impliquant le détournement intentionnel des
propos d’une personne (physique ou morale) à son détriment.
La même faute se répète dans le
paragraphe suivant, qui attribue au porte-parole (de Tsahal), la déclaration
selon laquelle le drone a été abattu dans "la zone démilitarisée qui
divise le plateau du Golan entre LA PARTIE OCCUPEE PAR ISRAEL et celle restée
sous contrôle de la Syrie".
Au fond maintenant :
sémantiquement, l’on comprend en lisant cet article que l’Armée israélienne se
trouverait sur un territoire syrien qu’elle aurait annexé et qu’elle
occuperait. C’est difficile de ne pas s’en apercevoir, car cela est répété à
six reprises dans un article de quatre petits paragraphes.
Mais quid de l’Iran, qui a fourni le
drone et l’a fait décoller de l’aéroport international de Damas, et du
Hezbollah, milice libanaise reconnue comme terroriste par l’UE et l’ONU ?
Ces entités, qui ont envoyé des dizaines de milliers d’hommes armés sur le territoire
syrien afin de s’immiscer dans la guerre civile qui ravage ce pays, n’occuperaient
ainsi, pour BFM, aucune portion de la Syrie. Cela confine à la magie. L’Iran
et le Liban seraient-ils syriens ? Ou ils agiraient sur la base d’un
mandat des Nations Unies dont personne n’a entendu parler ? Sans doute
pour combattre le terrorisme…
C’est à n’en point douter de la
ségrégation, car elle dissocie le statut d’entités étrangères agissant toutes à
partir du sol d’un Etat qui n’est pas le leur, alors que la présence de l’Iran
et du Hezbollah n’est pas qualifiée d’occupation, et celle d’Israël si, et de
manière itérative, forcenée et journalistiquement incohérente.
Qui produit ce genre de distinction se
rend coupable d’un acte à connotation raciste et, dans le contexte, à fortes exhalaisons
antisémites. C’est révoltant pour l’éthique de la profession. Plus encore, du
point de vue israélien, lorsque l’on sait que BFM TV est contrôlée par le
"franco-israélien" Patrick Drahi, qui, outre le fait de demeurer
partiellement en Israël, possède également I24News, dans le même groupe,
Altice, détenteur de 90.44% des parts de SFR, qui contrôle BFM TV.
Pouvoir critiquer les articles
anti-israéliens de BFM TV, voir antisémites,sur I24News,
qui appartiennent toutes deux à un Israélien, voici qui ne manque pas d’originalité.
Lorsque l’on ajoute que le PDG de BFM TV est Alain Weill, on se dit que
nous sommes capables, entre autres prouesses technologiques, d’assurer également
le service de propagande de l’Iran, de la Syrie, du Hezbollah et pourquoi pas du
Hamas.
Quant à ceux qui vous diront que Drahi
et Weill ne se mêlent pas de la ligne éditoriale des media qu’ils possèdent ou
dirigent, répondez-leur qu’ils ne connaissent pas ces deux personnages.
A noter que le papier de BFM
est écrit "avec AFP", ce qui n’étonnera sans doute personne, comme
le fait que cette sous-littérature poisseuse et sulfureuse, bourrée de
détournements ontologiques dignes de Radio-Paris, est reprise par la
quasi-totalité des media français.
Dans cette mare aux cochons, nous
avons tout de même relevé le
compte-rendu de l’agence Reuters, qui reste dans le factuel, parlant
du drone qui s’apprétait à franchir "l'espace aérien israélien à hauteur du
plateau du Golan", précisant que cela s’est passé dans "la zone
démilitarisée du Golan, qui sépare Israël et la Syrie depuis la guerre de 1973".
Est-ce parce que Reuters n’est
pas dirigée par ces patrons juifs que les antisémites accusent souvent d’être
sionistes et de dominer les media français ? Allez savoir…