Elections israéliennes : les bulletins spéciaux pourraient éventuellement faire la différence |
mercredi, 24 mars 2021 | |
© Metula News Agency (012503/21)
Métula, jeudi, 01h35 à Métula, 00h35 à Paris.
A l’heure où nous écrivons cette breaking, on ne sait
toujours pas lequel des deux blocs – les bibistes ou les antibibistes – a remporté
les élections législatives de mardi, et l’on ignore également s’il y aura un
vainqueur.
A minuit, 90% des bulletins avaient été dépouillés, et il
ne restait plus qu’à compter ceux de 96 bureaux de vote. Selon Jean Tsadik qui
a effectué de savants calculs, la comptabilisation des résultats de ces bureaux
ne peut pas modifier le nombre de sièges attribué aux partis, non plus que la
taille des blocs.
A ce stade du dépouillement, le bloc bibiste remporte 52
mandats au maximum et le bloc antibisbiste 56.
Le parti Yamina [héb. : la droite] de Naftali Bennett
est crédité de 7 sièges, et Raam, le parti arabe islamiste dirigé par Mansour
Abbas, de 5. Dans l’état actuel des choses, si Raam s’allie au bloc
antibibiste, celui-ci obtiendrait la majorité absolue de 61 sièges. A la fois Yamina
et Raam n’ont pas indiqué s’ils entendent se rallier à un bloc. Tous les
instituts de sondages israéliens prédisaient que Raam n’atteindrait pas le
quorum.
Des discussions discrètes ont débuté entre les 13
formations admises à la Knesset, mais toutes attendent les résultats définitifs
pour se déterminer et annoncer les choix qu’elles voudront faire.
Car les jeux ne sont pas faits. En ce moment même, en
effet, on est en train de compter ce que l’on appelle en Israël les "doubles
enveloppes" [ha-maatafot ha-kefoulot]. Ce sont celles de toutes les
personnes autorisées à voter mais qui n’ont pas eu la possibilité d’exercer
leur devoir électoral dans le bureau de vote dans lequel elles sont inscrites.
Cette catégorie d’électeurs comprend les soldats, les
marins, le personnel diplomatique en poste à l’étranger, les personnes incapables
de se déplacer, les personnes hospitalisées ainsi que les soignants.
On évalue cette année le nombre des maatafot ha-kefoulot (en
nette hausse à cause du Corona) à environ 450 000, représentant 14 sièges,
selon l’évaluation de Jean Tsadik, à raison d’un peu plus de 31 000 suffrages
exprimés pour un siège.
Les spécialistes de la politique israélienne estiment que
le décompte de ces 450 000 bulletins pourrait occasionner le glissement du
résultat issu du dépouillement des bulletins ordinaires d’un siège en faveur d’un
bloc ou de l’autre. Deux, dans une situation très exceptionnelle.
On s’attend généralement à ce que Yamina rejoigne le bloc
bibiste, et Raam, les antibibistes, mais sans aucune garantie. Tout semblant
négociable. Cela dépendra largement des résultats définitifs. Sur la base de
cette hypothèse, le bloc du premier ministre pourrait atteindre 60 sièges ou être
réduit à 58 députés, et ses opposants pourraient passer à 62 sièges ou
redescendre à 60.
Tout autre résultat, s’il n’est pas exclu, serait cependant
considéré comme surprenant.
Nous pensons être en mesure de disposer des résultats
définitifs vendredi matin et prévoyons de livrer l’analyse de la Ména le même
jour. Dès le lendemain, samedi 27, la fête juive de Pessakh [Pâque], l’une des
fêtes majeures des Israélites qui durera jusqu’au samedi suivant 3 avril, va
débuter, ce qui ne favorisera pas la tenue de négociations à proprement parler.
Il reste que le résultat de ce scrutin n’a pas la même
significations pour toutes les personnalités politiques :
Binyamin Netanyahu doit pouvoir établir une majorité de 61
sièges sur les 120 que compte la Knesset pour espérer faire voter une loi lui
assurant l’immunité juridique. C’est l’unique raison pour laquelle il a
convoqué ce scrutin vidé des enjeux politiques traditionnels d’une élection
générale.
C’est sa quatrième tentative en un peu plus d’un an, les
précédentes s’étant soldées par des échecs. Tout résultat autre que la
formation d’un gouvernement qu’il dirigerait constituerait une défaite pour le
Premier ministre par intérim, âgé de 71 ans. Et résulterait en un risque majeur
d’être reconnu coupable dans les affaires pénales pour lesquelles il est jugé,
impliquant l’éventualité d’être condamné à une peine de prison ferme de
plusieurs années.
Cet enjeu, connu de tous les Israéliens, ajoute à la tension
très vive créée par l’incertitude.
Depuis notre dernière breaking, les résultats
intermédiaires ont oscillé entre 64 voix au maximum pour les bibistes et Yamina,
et 63 mandats pour les anitbibistes. Vers cinq heures du matin, l’affaire
semblait classée et les observateurs pensaient que M. Netanyahu allait être en
mesure d’obtenir une majorité parlementaire.
C’est alors que le Comité électoral a annoncé que Raam
avait franchi la barre du quorum et serait représenté au Parlement. Ce qui
inversait la tendance ainsi que les espoirs.
Il se peut aussi que Raam et/ou Yamina n’adhèrent à aucun
bloc, auquel cas, personne ne pourrait obtenir de majorité. Dans ce cas, les
électeurs israéliens seraient sans doute conviés à des cinquièmes élections fin
août ou début septembre. Nous évoquerons cette hypothèse le cas échéant dans
notre prochaine analyse.
Nous rappelons pour le moment que Stéphane Juffa, dans son
analyse de mardi matin, contredisant tous les sondeurs, annonçait que les
islamistes de Raam et les fascisants des "Sionistes religieux"
feraient leur entrée à la Knesset, et que Mansour Abbas et Itamar Ben-Gvir,
leurs têtes de liste, sont ministrables s’ils décident de monnayer leur
adhésion à l’un des deux groupes.
A partir de la nuit dernière, Yesh Atid de Yaïr Lapid et
Yamina ne s’expriment plus publiquement, et les députés du Likoud n’interviennent
plus à la télévision après qu’ils se soient violemment pris à partie entre eux.
Ces sages décisions ont pour objectif de permettre aux
leaders des blocs d’ouvrir sereinement un dialogue avec Bennett et Abbas sans
hypothéquer d’éventuels ralliements par des déclarations intempestives.
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