Métula, mercredi 22h10 à Kobané et à Métula, 21h10 à Paris
Comme cela était attendu, le tyran turc Recep Erdogan a déclenché
les hostilités contre les Kurdes de Syrie aux environs de 16h locales.
L’ennemi procède pour le moment par des bombardements d’artillerie
(bombes noires sur la carte) ainsi que des bombardements aériens (avions
noirs).
Il y a environ quatre heures, Erdogan a annoncé le début de
sa guerre d’agression par le communiqués suivant : "Les Forces Armées
Turques avec l’Armée Nationales Syrienne [les mercenaires islamiques ex-al
Qaëda. Ndlr.] viennent de lancer l’opération ""Source de Paix""
contre le PKK/YPG [il n’y a pas de PKK dans le Rojava. Ndlr.] ainsi que les
miliciens de DAESH dans le nord de la Syrie [il n’y pas de miliciens de DAESH à
part des prisonniers dans le Rojava et il n’y a pas de confrontation entre l’Armée
turque et des éléments de DAESH. Ndlr.]. Notre mission est d’empêcher la
création d’un corridor de la terreur [nous ignorons totalement de quoi parle
Erdogan, une telle menace est inexistante. Ndlr.] à travers notre frontière
méridionale, et d’apporter la paix dans la région".
Depuis, l’Armée turque bombarde sans interruption les villes
de Qamishly (dont le centre-ville) de Tel Abayd [carte], ainsi que des villages
dans la poche de résistance tenue par les YPG (Unités de Protection du Peuple)
[carte] au nord d’Alep.
Un enfant de six ans a perdu la vie lors du bombardement d’un
village en périphérie de Qamishly.
Qamishly, une ville de 200 000 habitants, est sous les bombes
turques
Environ 25 F-16 turcs de fabrication américaine mènent de très
nombreux raids jusqu’à 50km dans la profondeur du Rojava. Plusieurs personnes,
dont des civils, ont trouvé la mort, d’autres sont blessées.
A Kobane où je me trouve, aucun bombardement n’a eu lieu
pour l’instant car six command cars de l’Armée américaine se sont positionnés
dans la ville dès le début de l’attaque [regarder la vidéo].
On ignore ici si ces combattants ont reçu l’ordre de se déployer de Washington
ou s’il s’agit d’une initiative indépendante du commandement U.S. sur le
terrain. Les ordres officiels provenant de la Maison Blanche étant de ne s’interposer
nulle part dans les combats.
A 21h locales, pendant
que je rédige mon compte-rendu, l’artillerie turque a commencé à bombarder
lourdement Kobane, faisant trembler mon immeuble dans tous les sens. J’ignore
si les soldats américains se sont retirés ou si le bombardement se déroule en
dépit de leur présence.
Une position de nos alliés chrétiens syriaques du Conseil
Militaire Syriaque près du village de Ter Cihan a été prise pour cible par les
chasseurs-bombardiers d’Erdogan.
Les YPG ripostent à l’agression turque. Notre artillerie
bombarde des positions ennemies à Karamis, en territoire turc. Juste à côté, à
Jarabulus, notre artillerie lourde a détruit sept positions fortifiées de l’Armée
turque. A Jindires, dans le canton d’Afrin occupé, une base de mercenaires de l’ex-al
Qaëda a été visée. A Tel Abyad, nos forces ripostent au bombardement incessant
des canons autotractés turcs.
A l’ouest de Manbij, aux portes du village d’Ulashi, sur la
rive occidentale de l’Euphrate, les ex-al Qaëda ont tenté de progresser en
direction de Manbij. Ils ont été immédiatement stoppés dans leur avance par les
Peshmergas (le nom des combattants kurdes). C’est, à ma connaissance, l’unique
affrontement d’infanterie jusqu’à maintenant. Un commandant que je connais dans
la ville d’Arima où j’avais pris mes quartiers pendant la bataille d’Afrin m’a
informé par téléphone qu’au moins huit mercenaires arabes avaient été tués lors
de l’affrontement et plusieurs autres sont blessés. Nous comptons un blessé
léger dans nos rangs.
Dernières minutes : Tel Abyad subit actuellement un
assaut terrestre mené par les soldats turcs et leurs auxiliaires islamistes.
Tel Abyad (15 000hab.), la première ville du Rojava à subir un assaut terrestre
Toute la frontière est à feu et à sang, les obus éclatent
non loin de moi. L’ennemi utilise tout l’arsenal à sa disposition, notamment
des roquettes. Les civils sont évacués des deux côtés de la frontière.
Je vais tenter de me mettre à l’abri en espérant une
accalmie. Je continue sans relâche à suivre les péripéties des combats et à
informer la rédaction à Métula.
Revue
des réactions politiques et diplomatiques, préparée par Ilan Tsadik :
Le président Donald Trump, vivement critiqué pour sa
décision de retirer les troupes américaines du nord-est de la Syrie, a affirmé
ce mercredi qu'il se concentrait sur la "GRANDE IMAGE" [en majuscules
sur le Tweet du président] qui n'inclut pas l'implication américaine dans
"de stupides guerres sans fin au Moyen-Orient".
"Les combats entre différents groupes s’y déroulent
depuis des centaines d'années. Les Etats-Unis n'auraient jamais dû être au
Moyen-Orient", a complété Trump, ajoutant encore que "Les stupides
guerres sans fin, pour nous, se terminent !"
"L'entrée au Moyen-Orient est la pire décision qui ait
jamais été prise dans l’histoire de notre pays !", a-t-il encore proclamé.
Précisant qu’il "qu'il ramenait lentement et prudemment nos grands soldats
et militaires chez eux, conformément à ma promesse électorale. Terminant : "Nous
nous concentrons sur la GRANDE IMAGE ! LES USA SONT PLUS GRANDS QUE JAMAIS AUPARAVANT
!".
Le sénateur Républicain Lindsey Graham, pourtant proche
allié de Trump, a intensifié ses critiques à l’encontre du président mercredi
en affirmant sur FoxNews que "si Trump continue dans cette voie, ce
serait la plus grosse erreur de sa présidence. J'espère qu'il a raison mais je
ne le pense pas", a déclaré Graham, en comparant les points de vue de
Trump à la "mentalité d'avant le 11 septembre qui a ouvert la voie au 11
septembre".
"Nous ne donnons pas le feu vert à la Turquie au
Congrès", a tonné le sénateur qui prépare une loi conjointe avec les Démocrates
afin de sanctionner Ankara, "et nous n'allons pas abandonner les Kurdes. Si
le président le fait, nous ne le ferons pas".
L’Allemagne, la France et la Grande-Bretagne ont condamné l’agression
turque. L’Egypte également, qui a demandé une réunion d’urgence de la Ligue
Arabe afin de discuter des évènements dans le nord de la Syrie.
Les Pays-Bas ont vivement fait connaître leur mécontentement
aux oreilles de l’ambassadeur turc à La Haye.
Le Conseil de sécurité des Nations Unies se réunira demain,
jeudi, afin de discuter du conflit en Syrie à la demande de l’Union Européenne.
Les YPG ont complètement arrêté leurs opérations contre l’Etat
Islamique, et ont rapatrié la quasi-totalité de leurs combattants pour faire
face à l’Armée turque. Les miliciens de DAESH ont immédiatement repris les
armes et se sont attaqués à plusieurs positions gouvernementales, à des convois
et à des militaires iraniens.
Les Forces Démocratiques Syriennes dont les YPG constituent
le composant essentiel demandent à la coalition américaine et internationale de
mettre fin aux attaques turques dans le nord-est de la Syrie.
Pour le moment, la liaison avec notre camarade Perwer Emmal
fonctionne et nous sommes en contact permanent avec lui. D’autres nouvelles
suivront.
"Monsieur Sami El Soudi, par P Vallois", Je
consulte ce site depuis longtemps et je vois qu'il n'est pas trop
vivace. Cela n'a guère d'importance. Les articles suffisent.
Sauf,
à mes yeux, sur un point. C'est qu'il semble qu'aucun lecteur n'ait
pris soin de vous marquer toute la considération, la haute estime, que
dis-je, le bonheur que l'on éprouve à lire vos textes.
Vous êtes, je crois, la personne au monde qui fait le mieux comprendre ce qui se passe au Proche et Moyen-Orient.
Vos papiers depuis 2003 sont incomparables. Ils méritent d'être réunis et publiés. A tout le moins.
Merci infiniment."
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